Espace

Souveraineté spatiale : quelles ambitions suite à la crise ukrainienne ?

Mardi 7 juin, lors du Paris Air Forum, organisé par La Tribune et le groupe ADP, Josef Aschbacher, directeur général de l’ESA, le général Michel Friedling, commandant de l’Espace au sein de l’armée de l’Air et de l’Espace, André-Hubert Roussel, président exécutif d’ArianeGroup, Hervé Derrey, PDG de Thales Alenia Space, et Jean-Marc Nasr, directeur général d’Airbus Defence and Space, ont pris part à une table-ronde intitulée « Souveraineté spatiale : quelles ambitions après l’Ukraine et le sommet de Toulouse ? ». La guerre en Ukraine « a démontré que la conflictualité sur Terre s’étendait à l’Espace dès le début du conflit », a fait remarquer le général Friedling. « On a constaté l’extrême importance de l’imagerie spatiale dès les premiers jours pour la conduite des opérations, pour le renseignement, mais également pour la guerre informationnelle ». André-Hubert Roussel estime « qu’aujourd’hui, on a la preuve que [la préférence européenne] est une absolue nécessité ». Si Ariane 6 et Vega C montrent que l’Europe a fait « les bons choix pour assurer son autonomie d’accès à l’Espace pour les années qui viennent », la souveraineté implique aussi la supervision et la connaissance du trafic spatial, selon lui. Pour Jean-Marc Nasr, La souveraineté, « c’est de pouvoir voir ce que je veux quand je veux, de pouvoir naviguer et localiser quand je veux et de pouvoir connecter y compris à très faible latence », a-t-il souligné, insistant sur le besoin de constellations souveraines. Pour assurer cette souveraineté, il est nécessaire de soutenir la chaîne d’approvisionnement et d’avoir de grands programmes « qui permettent de maintenir la compétence de ces différents éléments de la chaîne de valeur au meilleur niveau mondial », a mis en avant Hervé Derrey. En France, ces ambitions ont été posées par le discours de Toulouse du président de la République, quelques jours avant l’invasion de l’Ukraine, et en Europe dans le cadre de la Boussole stratégique pilotée par l’Union européenne lors du Conseil européen du 24 mars, a rappelé le général Friedling. « Ce qu’il nous reste à faire, c’est de définir la feuille de route », a-t-il déclaré.