Défense

Sébastien Lecornu assure que l’Allemagne ne bloquera pas les exportations du SCAF et du MGCS

Interrogé lors d’une audition à l’Assemblée nationale le 26 septembre sur les exportations d’armement et des biens à double usage de la France, le ministre des Armées a estimé que la France ne dépendra jamais de l’Allemagne sur ses capacités d’export. Berlin peut néanmoins tout à fait s’opposer à l’exportation d’un système d’armes ayant des composants ou des équipements fabriqués en Allemagne vers un pays blacklisté. Le Royaume-Uni patiente par exemple depuis 3 ans pour exporter le Typhoon, un programme en commun d’avion de combat avec l’Allemagne, l’Italie et l’Espagne – vers l’Arabie saoudite. Par ailleurs, la volonté allemande de transférer les dispositifs nationaux des contrôles des exportations d’armement à l’échelon européen trahit la volonté de s’opposer aux exportations de ses principaux concurrents européens et, en premier lieu, de la France. Sébastien Lecornu souligne, lui, que le Bundestag ne peut pas empêcher l’octroi de licences d’exportation d’armes. La France et l’Allemagne ont signé un accord début 2019 sur le contrôle des exportations en matière de défense. Cet accord, qui réactualise les accords Debré-Schmidt signés en décembre 1971 et en février 1972, va essentiellement concerner le système de combat aérien du futur (SCAF), et plus précisément le projet de système d’armes du futur (Next Generation Weapon System – NGWS), ainsi que le char du futur (Main Ground Combat System) et le drone MALE, Eurodrone. Ainsi, l’Allemagne ne pourra pas s’opposer à l’exportation de ces systèmes d’arme lorsque la part de produits fabriqués par les industriels allemands n’excèdera pas le seuil de 20% (hors activités de maintenance, pièces détachées, formation, et réparations). Le ministre a été clair sur la question de l’exportation du SCAF et du MGCS : « s’il devait y avoir des manquements de l’Allemagne, à cela par des contrariétés diverses et variées, cela mettrait fin aux projets ». Pas question « de penser qu’on va sur le SCAF ou sur le MGCS en trahissant notre souveraineté », a-t-il insisté. Alors que le programme SCAF doit être mis en service à l’horizon 2040, « il conviendra de s’assurer dans le temps long du bon fonctionnement » de l’accord franco-allemand, précise de son côté la Cour des Comptes.