Défense

Projet de rachat de Microtecnica par Safran : « L’Allemagne et l’Italie nous font un procès d’intention », dénonce Olivier Andriès

Dans le cadre du projet d’acquisition des activités d’actionnement et de commandes de vol de Collins Aerospace, Safran a été informé de la décision du gouvernement italien avec l’appui de l’Allemagne, de s’opposer à la vente de Microtecnica, société italienne regroupant les actifs localisés en Italie, au groupe français. Cette opération constituerait « une menace exceptionnelle pour les intérêts essentiels de la défense et de la sécurité nationale » italienne, tandis que de son côté, l’Allemagne considère Microtecnica, comme étant « d’un intérêt stratégique en tant que fournisseur de pièces de rechange et de services pour les programmes Eurofighter et Tornado, principaux avions de combat utilisés par l’armée de l’Air allemande ». « C’est une opération concertée entre Berlin et Rome, constate le directeur général de Safran, Olivier Andriès. Il n’y a eu avec Safran aucun dialogue préalable. Cela nous aurait permis soit de rassurer les préoccupations de l’Italie et de l’Allemagne, soit de proposer des mesures visant à les rassurer ». Pourtant les actifs de Microtecnica ne sont pas les actifs les plus stratégiques de cette opération auprès de Collins Aerospace. « Il n’y a pas de technologies critiques particulières en Italie », précise Olivier Andriès, qui assure « regarder quelles sont nos options ». Il dénonce le 2 poids, 2 mesures de cette décision : « Que Collins Aerospace soit l’actionnaire américain de Microtecnica ne gêne aucunement ni l’Italie, ni l’Allemagne mais que Safran, un groupe français et européen, prenne le contrôle de ces activités, les gêne et représente une menace exceptionnelle », s’étonne Olivier Andriès. D’autant plus que via une de ses filiales en Grande-Bretagne, Safran fournit notamment déjà les trains d’atterrissage des Eurofighter et des Tornado. Jusqu’ici la question de la fourniture d’équipements critiques pour ces avions de combat par Safran ne s’était pas posée. « C’est un très mauvais signal qui est envoyé par l’Allemagne et l’Italie sur l’avenir de la coopération européenne dans le domaine de la Défense », martèle Olivier Andriès en conclusion.