Guillaume Faury, Président du GIFAS et Président exécutif d’Airbus, s’est exprimé lors du Paris Air Forum, mardi 7 juin. Il a livré, d’abord, sa vision sur les grandes priorités de la filière aérospatiale civile et militaire française en termes de souveraineté : « Il faut s’équiper, s’armer et regarder cette situation avec lucidité. Il faut donc s’organiser pour devenir puissant technologiquement, au niveau des alliances, et économiquement. Parce que les armements du XXIème siècle, qui sont des systèmes très technologiques, sont très chers. Il faut les faire en étant organisé dans le cadre de partenariats », a-t-il notamment rappelé, insistant sur les enjeux de la sécurisation de la supply chain et des circuits d’approvisionnement, mais aussi de la taxonomie : « je pense qu’on a commis une erreur sur la compréhension fondamentale du rôle de la Défense. La Défense devrait être encouragée, au titre de la taxonomie sociale », observe-t-il. Guillaume Faury a abordé également la question de l’accès à l’Espace : « Les évènements récents ont montré l’importance stratégique de l’accès autonome à l’Espace. Ariane 6 va y participer. Je suis absolument certain qu’Ariane 6 sera un excellent produit, un très bon lanceur pour les Européens. Je suis certain que ce lanceur atteindra ses objectifs ». Des coopérations seront nécessaires, « car l’accès à l’Espace continue à progresser. Il faut que sur ce sujet, nous travaillions en étroite coopération avec les Européens, parce que c’est un domaine où il y a peu d’utilisations mais d’énormes investissements à effectuer ». Le dirigeant a également évoqué la transition environnementale à l’œuvre pour le secteur aérien : « Chez Airbus, nous visons la mise en production et l’entrée en service d’un avion à hydrogène en 2035, mais si nous regardons l’impact de l’avion à hydrogène en 2050 sur les émissions de carbone de l’ensemble de l’aviation, il sera encore très limité. L’hydrogène est la technologie de la deuxième moitié du siècle. Nous en aurons besoin, car la décarbonation passe un jalon important en 2050 mais ne s’arrête pas là. Il faut que cela continue par la suite, avec des solutions plus efficaces d’un point de vue énergétique que celles mises en place face à l’urgence climatique ». Il a rappelé l’importance cruciale de la réduction de la consommation des avions et de l’utilisation des SAF (Carburants d’aviation durable). « Sur le long courrier, nous ne voyons pas encore comment nous allons faire un avion à hydrogène. Nous aurons besoin des solutions SAF, puis 100% SAF à l’horizon 2050, voire 2030. Des SAF qui ne seront pas les biocarburants d’aujourd’hui, mais des carburants de synthèse produits avec de l’énergie décarbonée, du captage de carbone, de l’hydrogène vert… Toutes les chaînes énergétiques sont à mettre en place. Le sujet est avant tout énergétique », souligne le dirigeant.