Défense

L’industrie française de Défense en « économie de guerre »

L’Etat relance les commandes de canons Caesar, d’obus et de missiles, notamment pour constituer des stocks, plaçant l’industrie de Défense française en première ligne. Le gouvernement a notamment la volonté de relocaliser des activités de défense et d’accélérer la production d’armements, des munitions en priorité. « Il faut reconstituer des stocks », a insisté Sébastien Lecornu, ministre des Armées fin février, devant les dirigeants de la base industrielle et technologique de défense (BITD). Malgré l’annonce du chiffre de 413 Md€ pour la Loi de programmation militaire 2024-2030, les industriels ne connaissent pas encore la ventilation de l’enveloppe entre les armées, ni les dotations aux divers programmes ou le rythme annuel de progression des crédits. En attendant, l’industrie monte en cadence. « Nous sommes passés d’une production de 2 canons Caesar par mois à 4 depuis le début de la guerre en Ukraine. Nous serons à 6 à la fin de l’année et l’objectif est de 8 en 2024 », explique Alexandre Dupuy, directeur des affaires publiques de Nexter. Il faudra aussi remplacer les 18 canons fournis à Kiev par 18 autres pièces. Pour produire un canon, « il nous fallait avant de 24 à 30 mois, nous sommes tombés à 17 mois », ajoute-t-il, ce qui réclame néanmoins un « effort considérable ». De son côté, MBDA a enregistré un record de commandes de 9 Md€ en 2022. « La situation a cependant généré beaucoup de défis », souligne son PDG, Eric Béranger, à qui Sébastien Lecornu a demandé de doubler la production mensuelle de missiles sol-air à courte portée Mistral pour la porter à 40 en 2025. MBDA prévoit même de ramener de 40 mois à 18 mois le délai de livraison des missiles à moyenne portée Aster. La filière connaît toutefois des goulets d’étranglement dans des PME. « Nous en avons identifié environ 200 et déjà éliminé plus de 30 », affirme le délégué général de l’armement, Emmanuel Chiva. Il travaille aussi sur une possible « réserve industrielle », des salariés et de jeunes retraités qui pourraient intervenir sur la base du volontariat, en amont pour former, et même sur la production, dans un scénario où la France serait directement menacée.