Défense

L’industrie de Défense alerte sur ses difficultés dans sa relation avec les banques et les fonds d’investissement

Dans une lettre adressée à Sébastien Lecornu, le Président du Conseil des industries de Défense françaises (CIDEF) et PDG de Dassault Aviation, Eric Trappier, alerte sur « les difficultés croissantes » de l’industrie de l’armement « dans sa relation avec les banques et les fonds d’investissement ». Ces difficultés sont liées à l’application par le secteur financier des règles spécifiques, liées à la politique de l’UE pour « orienter les investissements vers des activités qualifiées de durables ». De manière systématique, écrit Eric Trappier, ces travaux rassemblent sous le même vocable « d’industrie de Défense » la production d’équipements autorisés par les Etats et les organisations internationales et ceux dont la production est interdite. Cette approche conduit « aux difficultés dans la relation avec les banques et les fonds qui tendent de plus en plus à exclure les industriels du secteur de leur portefeuille ». 20% des fonds actions excluraient les entreprises impliquées dans des contrats militaires, souligne le Président du CIDEF, et 40% pour les fonds qui ont pour objectif l’investissement durable. En France, la Caisse des dépôts, Bpifrance, la Banque Postale AM, et le régime de Retraite additionnelle de la fonction publique (RAFP), sont ainsi pointés du doigt. Eric Trappier suggère donc un plan d’action, élaboré au sein de l’ASD (Aerospace, Security and Defence Industries Association of Europe), qui appellerait les Etats à prendre leurs responsabilités. Il préconise la publication d’un « document stratégique de référence de haut niveau » qui pourrait prendre la forme d’une communication conjointe de la Commission et du Haut Représentant de l’UE, expliquant que les investisseurs devraient limiter leurs exclusions aux entreprises impliquées dans les 4 catégories : mines anti-personnel, bombes à sous munition, armes chimiques, armes biologiques. Le double discours de l’Europe sur la Défense est régulièrement dénoncé, Patrice Caine, PDG de Thales, pointait en septembre la schizophrénie de l’UE sur le sujet : « D’un côté, sous la pression des tensions géopolitiques grandissantes et notamment de la guerre en Ukraine, l’Europe entreprend de renforcer ses capacités de Défense et de souveraineté. De l’autre, elle tend à fragiliser ses entreprises dans ce secteur en ne les intégrant pas spontanément dans le périmètre de la finance durable ».