Dans un entretien, le Commissaire européen au marché intérieur Thierry Breton analyse les conséquences du conflit russo-ukrainien sur le développement du marché intérieur. Avec le conflit russo-ukrainien, l’Union européenne a constaté les « effets de ses sous-investissements en matière de défense depuis un quart de siècle (…) Pour atteindre l’objectif de 2% (du budget affecté à la défense), nous devrions investir 67 milliards de plus par an. L’enjeu, pour moi, est de le faire intelligemment pour accentuer le développement de notre industrie de défense et mutualiser nos efforts ». Pour ce faire, il rappelle que l’Europe s’est dotée d’« une boussole stratégique » (d’une vision commune des menaces et de la manière d’y répondre). Les Etats membres doivent privilégier les coopérations au « niveau européen plutôt que d’acheter ailleurs ». Interrogé sur l’acquisition par l’Allemagne des F-35 (Lockheed Martin), il considère qu’elle était « programmée de longue date » et n’est donc pas liée à l’invasion russe de l’Ukraine. Néanmoins, « il est clair que les industries d’armement américaine, israélienne ou brésilienne vont se dire qu’il y a des opportunités en Europe ». Les investissements se concentreront dans le domaine des munitions, de la cybersécurité, de la politique spatiale, de la protection antimissiles ou de la sécurité maritime. Sur le rapport à l’OTAN, il souhaite un rééquilibrage : « ni dépendance ni soumission, ce doit être notre objectif ».