Environnement

Guillaume Faury : « L’aviation n’en est qu’à ses débuts »

Guillaume Faury, président exécutif d’Airbus, donne une interview dans Challenges, dans laquelle il répond aux idées reçues, refusant de laisser désigner l’aéronautique comme bouc émissaire de la crise climatique. « La société au sens large aurait pu s’emparer du problème de la transition climatique il y a 30 ou 50 ans. Maintenant, on est dans une course de vitesse », explique-t-il. Il relève les frustrations liées aux délais de la décarbonation : « Le flygskam a un côté positif : c’est quelque chose qui nous pousse, qui nous challenge, qui nous oblige à nous remettre en cause. Mais c’est aussi une position extrême, caricaturale, très minoritaire et très européenne ». Quant à la proposition de Jean-Marc Jancovici de limiter le nombre de vols par personne, « c’est désespérant, juge Guillaume Faury. Evoquer ce genre de mesure extrême, c’est regarder le futur avec les lunettes du passé ». Il admet que les prévisions de trafic ont été légèrement abaissées récemment avec la prise en compte des sujets environnementaux, mais surtout parce que les carburants sont plus chers. « Il y a plein de choses à faire : établir rapidement une réglementation claire sur les vols à l’hydrogène, développer la production de carburants d’aviation durables (SAF) », détaille-t-il, ajoutant qu’il estimait qu’un objectif d’incorporation de 10% de SAF en 2030 était raisonnablement atteignable par l’UE. Concernant les appels à taxer l’avion pour financer le train, le dirigeant les considère manichéens et simplistes : « Le train et l’avion ne servent pas les mêmes connexions. Un très grand nombre de liaisons ne sont servies que par le système aérien », explique-t-il. Par ailleurs, « construire une infrastructure ferroviaire, c’est très long, c’est très cher et c’est très dégradant pour l’environnement. Ça abîme la faune, la flore, les sous-sols, les eaux, et ça génère 8 000 tonnes de carbone par kilomètre de ligne construite », poursuit Guillaume Faury. Enfin ces critiques ne rendent pas les recrutements plus difficiles : « La première entreprise désirée par les étudiants en école d’ingénieurs, depuis 14 ans, c’est Airbus, assez loin devant les autres. L’aviation attire encore énormément. Airbus attire encore énormément », se réjouit son dirigeant.